Le Stress

Définition du Stress

Stress est un mot anglais aux racines latines "stringere et stressus" que l'on peut traduire par "étroit, serré ou encore pressé". Il décrit les sensations que nous reconnaissons tous et qui préfigurent une situation "exeptionnelle".

Au sens strict, le terme stress comprend uniquement les contraintes. Quant aux réponses aux contraintes, elles sont décrites par le Syndrome Général d'Adaptation (S.G.A) mis en évidence par le Dr Hans Selye dont il donne la définition suivante : "Ensemble de réactions qui présentent une réponse non spécifique de l'organisme à une agression aussi appelée stresseur."

"Stresseur" est le terme utilisé pour tout événement ou situation pouvant être à la source du stress. On parle aussi d'agent stressant.

"Du point de vue biologique, le stress réunit les contraintes et agressions subies par un organisme quel qu'il soit l'empêchant de vivre dans des conditions optimales entraînant une réponse de cet organisme pour survivre au mieux."

Le terme stress est aujourd'hui entendu au sens large désignant à la fois l'agent responsable (stresseur), la réaction à cet agent (SGA) et l'état (comportement) dans lequel se trouve celui qui réagit.

Hans Selye introduit la notion de stress en médecine dès le début du 20ème siècle. Dans son ouvrage "Stress of life", il décrit le stress comme réponse défensive d'alarme émanant d'un organisme menacé. Il élabore sa théorie d'un phénomène de société qui nous concerne tous et qu'il désigne sous le mot stress.

"Un changement brutal survenant dans les habitudes d'une personne, jusque-là bien équilibrée, est susceptible de déclencher un bouleversement dans sa structure psychique et somatique."

Mais...qu'est ce que le Stress ?

D'après les travaux du Centre d'Etude sur le Stress Humain (CESH) conduits sous la direction de Sonia Lupiens PHD-Montréal, Qc, Canada

Fondamentalement le stress est un phénomène naturel d'adaptation. Lorsque l'équilibre homéostatique d'un organisme est perturbé par une demande environnementale, il réagit toujours par une double réponse, l'une est spécifique, l'autre est non spécifique. Cette dernière est une réponse innée et stéréotypée qui se déclenche d'elle-même dès que l'homéostasie est perturbée.

Non spécificité de la réponse : Que l'agent stressant soit d'origine physique ou psychique, interne ou externe, objectif ou subjectif, plaisant ou déplaisant, la réponse non spécifique, physiologique, humorale et endocrinienne, sera toujours la même.

Spécificité de la réponse : Les recherches concernant le caractère spécifique de la réponse ont montré que chaque stresseur et les réactions biologiques qu'il a engendrées sont stockés en mémoire tout au long de la vie. Face à un enjeu ou une menace, la réponse est faite par une stimulation hormonale dont l'intensité et la durée sont influencées par une situation stressante inscrite, mémorisée et associée par l'individu à la situation présente. Le stress en tant qu'élément objectif ne semble donc pas exister. Le facteur stress est immédiatement interprété par celui qui le subit. Cette interprétation influencera le niveau de stress ressenti par l'individu et la réponse produite pour y faire face.

C'est ainsi que l'on peut apporter cette précision à la définition de Selye : "...L'adaptation au stress dépend de l'histoire et de la psychologie de l'individu."

Il convient donc de différencier l'agent stressant et le Syndrome Général d'Adaptation, processus qui évolue en 3 phases et dont l'objectif principal est de donner une réponse appropriée en vue de préserver l'intégrité physique et psychique de la personne.

Le Syndrome Général d'Adaptation (SGA)

Phase 1 : La réaction d'alarme

C'est la réaction immédiate à un stress (fuir ou attaquer). À ce stade les capacités d'adaptation sont mobilisées. Les catécholamines sont libérées par l'organisme via la glande médullosurrénale. Ces hormones ont pour effet d'augmenter la fréquence cardiaque, la tension artérielle, les niveaux de vigilance, la température corporelle et de provoquer une vasodilatation des vaisseaux des muscles. Toutes ces modifications ont pour but d'amener l'oxygène au cerveau, aux muscles et au coeur, et ainsi de préparer l'organisme à réagir naturellement à une action.

Phase 2 : La résistance

Elle reflète la complète adaptation à l'agent stressant. L'énergie dans ce cas est focalisée sur la réaction au stress au dépend d'autres systèmes, comme le système immunitaire. Après l'alarme, un second axe neuro-hormonal (l'axe corticotrope) est activé, préparant l'organisme aux dépenses énergétiques que nécessitera la réponse au stress. De nouvelles hormones, les glucocorticoïdes, sont sécrétées : elles augementent le taux de sucre dans le sang pour apporter l'énergie nécessaire aux muscles, au coeur et au cerveau. Les glucocorticoïdes ont la particularité de pouvoir freiner leur propre sécrétion par rétroaction : la quantité d'hormones libérées dans le sang est détectée par des récepteurs du système nerveux central qui la régule.

Phase 3 : L'épuisement

Ce dernier stade est la conséquence d'une exposition prolongée au stress. La résistance de notre corps face au stress diminue pour finalement céder, le pouvoir d'adaptation d'un être vivant étant toujours limité. Si la situation stressante se prolonge encore ou s'intensifie, les capacités de l'organisme peuvent être débordées : c'est l'état de stress chronique. Pour faire face à la situation, l'organisme produit toujours plus d'hormones. Le système de régulation évoqué précédemment devient inefficient, les récepteurs du système nerveux central deviennent moins sensibles aux glucocorticoïdes dont le taux augmente constamment dans le sang.

L'organisme submergé d'hormones, est en permanence activé. Il s'épuise.


L'agent stressant aussi appelé stresseur : 

Tout ce qui provoque la production d'hormones du stress est par définition un stresseur. On les regroupe en deux grandes catégories : physique ou psychologique.

Stresseurs physiques : Ces stresseurs causent une tension ou une contrainte sur notre corps. (ex : des températures très froides ou très chaudes, des blessures, des maladies chroniques, de la douleur...)

Stresseurs psychologiques : Ces stresseurs sont des événements, des situations, des individus, des commentaires négatifs ou dangereux, ou tout ce que nous interprétons comme négatif ou dangereux...Une lecture plus approfondie permet de faire la distinction entre stresseurs absolus et relatifs.

Stresseurs absolus : Ce sont des stresseurs objectifs et universels, toutes les personnes confrontées à ces agents les interprètent comme étant stressants. (ex : tremblement de terre, attentat...)

Stresseurs relatifs : Seulement certaines personnes confrontées à ces stresseurs les interprètent comme étant stressants, ce sont des stresseurs subjectifs, les réactions qu'ils causent s'avèrent différentes en fonction des individus. (ex : examen, pression au travail...)

Qu'ils soient absolus ou relatifs, les stresseurs provoquent la sécrétion d'hormones de stress.

Pour qu'une situation soit stressantes, il doit y avoir un ou plusieurs des éléments suivants qui la caractérisent :

Toutes ces situations provoquent la sécrétion d'hormones du stress, de même que le simple fait d'anticiper ces situations.

L'effet d'anticipation : (D'après les travaux du psychologue-comportementaliste Richard Lazarus)

La capacité d'anticipation peut être un médiateur du stress dans la mesure où elle rend l'individu capable d'imaginer et de se projeter dans des situations aversives ou potentiellement dangereuses. Cette anticipation peut avoir un effet positif si elle donne lieu à une évaluation de la situation de manière à mettre en place des stratégies visant à "faire face", elle a un effet négatif quand elle prend forme de rumination ou qu'elle provoque un dépassement du seuil d'activation moyen.


La physiologie du stress

La réaction primaire à un danger :

Posons la métaphore suivante : 

Imaginons un "homme préhistorique" face à une bête sauvage. Face à ce danger, le cortex reptilien (cerveau primitif instinctif) déclenche l'activation générale du système nerveux sympathique (aussi appelé orthosympathique) qui entraîne une augmentation du débit cardiaque ainsi que de la ventilation pulmonaire et une dérivation du sang des zone de vasoconstriction (comme le tube digestif et le rein) vers les plus actives comme les muscles, le coeur. Plus d'oxygène, plus de sang dans la circulation excepté pour le tube digestif et les reins, cette réaction permettra à notre homme de préparer son organisme à la fuite ou à l'attaque.

La fuite : en s'éloignant ainsi de la source du stress, on élimine les signaux externes qui l'ont causé.

L'attaque : dans le but de supprimer la source du stress et ainsi d'éliminer les signaux externes qui l'ont fait apparaître.

Simultanément, le système sympathique secrète des cathécolamines telle l'adrénaline étendant ainsi son action vers d'autres tissus, la conséquence en est une mobilisation des réserves de glucides et de lipides (=plus d'énergie pour la fuite ou le combat).

Parallèlement le système hypothalamo-hypophysaire-surrénalien est stimulé : le cortisol secrété mobilise les réserves de lipides et de protéines, augmente les réserves de glucides ainsi que la glycémie. L'intérêt biologique de cette augmentation du glucose, des acides gras et des acides aminés est de favoriser l'approvisionnement du cerveau et de fournir les éléments de construction nécessaires à la réparation des tissus endommagés.

Notre héritage génétique nous a donc légué cette réaction primaire de préparation à l'action conduite par notre cerveau reptilien.

Aujourd'hui notre cerveau plus développé voit intervenir notre cortex limbique (siège de nos émotions) et notre néo-cortex (siège de l'intellect). Là où notre cerveau reptilien nous offrait deux options simples pour faire disparaître notre stress, notre évolution a complexifié nos réactions.

La neuro-physiologie du stress

La détection par le cerveau du stimulus (externe ou interne) va entraîner la réponse de l'organisme au stresseur, via le système limbique, la prise en charge par le système nerveux volontaire et le système neuro-végétatif et endocrinien. 

Cette réponse s'effectue en 3 phases :

On distingue deux grands systèmes nerveux : l'un dit volontaire et l'autre végétatif.

Le système nerveux végétatif est lui-même constitué de deux grands systèmes : 

Le mécanisme du stress

L'organisme mis en alerte par le système nerveux sympathique transmet l'information directement à l'hypothalamus par voies nerveuse et sécrète par la même occasion une hormone jouant le rôle d'un neuro-transmetteur : la noradrénaline.

Ainsi stimulé, l'hypothalamus régit en véhiculant (par voie sanguine) une hormone la CRF ou CRH (Corticotropin Releasing Facteur/Hormone ou corticolibérine). Cette substance est directement envoyée à l'hypophyse, par le biais de la tige hypophysaire. Puis l'hypophyse libère de l'ACTH, une hormone fabriquée par maturation de la CRF active sur les glandes surrénales.

Et enfin, les glandes surrénales sécrètent trois types d'hormones (classées dans les gluccocorticoïdes et mineralocorticoïdes) :

Bon stress ou mauvais stress ?

Les termes de "bon" et " mauvais" stress sont couramment employés pour évoquer le stress au travail.

Le "bon stress" permettrait une grande implication au travail et une forte motivation, tandis que le "mauvais stress" rendrait malade.

Or, Il n'y a scientifiquement ni "bon" ni "mauvais" stress, mais un phénomène d'adaptation du corps rendu nécessaire par l'environnement.


On peut, en revanche, différencier l'état de stress aigu de l'état de stress chronique, qui ont des effets différents sur la santé. 

L'état de stress aigu correspond aux réactions de notre organisme quand nous faisons face à une menace ou un enjeu ponctuel (prise de parole en public, remise urgente d'un rapport, changement de poste de travail...). Quand cette situation de stress prend fin, les symptômes de stress s'arrêtent généralement peu de temps après.

L'état de stress chronique est une réponse de notre corps à une situation de stress qui s'inscrit dans la durée : c'est le cas quand, tous les jours au travail, nous avons l'impression que ce qui nous est demandé dans le cadre professionnel excède nos capacités. Ce type de situation de stress chronique, même lorsqu'il est choisi, est toujours délétère pour la santé.

Quand le stress devient néfaste pour l'organisme

Nous l'avons vu, les mécanismes physiologiques mis en jeu pour faire face à une situation de stress chronique peuvent être néfastes pour l'organisme. Les substances hormonales alors présentes en excès sont à l'origine de la toxicité du stress.


Le corps répond à toute demande qui lui est faite et cette réponse se manifeste par des changements biologiques mesurables tels que la concentration dans le sang d'hormones aussi appelées "Hormones du stress" : ACTH (Adreno Cortico Tropic Hormone), corticoïdes et cathécholamines (adrénaline et noradrénaline).


Ces changements entraînent de nombreuses modifications physiologiques telles que :

Conséquence sur la santé

La liste des méfaits imputables au stress est longue car tous les organes peuvent être touchés par les déséquilibres hormonaux qui auraient dû n'être que momentanés mais qui se sont installés : hypertension, infarctus, troubles du rythme cardiaque, mort soudaine, arthrite, ulcères d'estomac, accidents vasculaires cérébraux, maux de tête, douleurs dorsales, insomnie, irritabilité, anxiété, fatigue, troubles gastro-intestinaux, affections cardio-vasculaires, dermatologiques, endocriniennes, gynécologiques...

Le psychisme n'est d'ailleurs pas en reste. Le stress peut aussi être source de malaise d'origine neurovégétative (palpitations, syncope) et engendrer ou perpétuer des troubles du comportement (tabagisme, alcoolisme, boulimie, anorexie, abus de médicaments, addiction aux drogues...). À l'extrême, chez des individus fragilisés, cette surcharge psychique entraîne dépression et confusion mentale.


Le stress psychologique a aussi des conséquences sur le système immunitaire. Il est en effet établi que le système nerveux central et le système immunitaire communiquent. Or, en présence des hormones du stress, la synthèse et la sécrétion de certaines cellules du système immunitaire sont perturbées.